Page:Barbey d’Aurevilly - À côté de la grande histoire, 1906.djvu/62

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ses aveuglements, ses débauches publiques et cachées, sa corruption enfin. Louis XIV, c’est Henri IV, moins la verve, comme Louis XV sera Louis XIV, moins la dignité. Mais, quels que soient la médaille et l’exergue du roi qui passe, c’est, depuis la Renaissance, l’identité du même paganisme restant dans les mœurs de la royauté. S’étonnera-t-on de ces paroles ? Il se pourrait bien, car l’illusion s’élève parfois des propres flambeaux de l’histoire, et quelque chose d’académique et de drapé dans ce siècle, qui eut toutes les splendeurs, même celle de l’hypocrisie, peut nous empêcher d’apercevoir ce qu’il eut aussi d’immoral et de fangeux. Or, justement, n’était-ce pas là ce qu’un moraliste et un penseur, touchant à ce siècle de Louis XIV, eût dû nous montrer effrayant et visible dans ces récits narquois et consternants pour qui comprend des Réaux ? Grâce à cet homme, qui pêche des anecdotes comme on pêche des anguilles, jusque dans la vase, un esprit politique n’aurait-il pas, au moins, indiqué le mal de ce temps qu’on prend pour une époque de force et de virilité, et qui n’offre aux yeux fascinés que la ruine suspendue d’une société dont la tête va tout à l’heure porter contre le fond de l’abîme, mais qui, jusque-là, trouve doux de tomber ?

Encore une fois, voilà ce que Paulin Paris ne voit point ou ne sait pas regarder. Il va, il vient, il flâne, il trotte sur les pas de son vieux Tallemant, mais de repli véhément sur soi-même, de réflexion, d’appré-