Page:Barbey d’Aurevilly - À côté de la grande histoire, 1906.djvu/64

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ment accompli. L’entrelacement énergique des classes, qui caractérisait le Moyen Age, cette fraternité sous des formes austères, n’était plus. La vieille monarchie des évêques, dont parle Gibbon quelque part, ne s’était pas rajeunie dans la Saint-Barthélemy, dans ce bain de sang qui, dit-on, a la puissance de renouveler, et qui ment parfois à sa renommée. Un divorce effroyable séparait le peuple et la noblesse. Voyez Tallemant ! Il écrit partout dans son livre : les gens du peuple et les gens du monde, comme si les gens du peuple n’étaient pas du monde, et les gens du monde n’étaient pas du peuple !… Et lui, pourtant, d’où était-il ?… On marchait à la catastrophe. On y marchait par les mille pieds de toutes choses. Dans ce passage de la Ligne pour l’Histoire, qui va de 1572 à 1600, la métamorphose avait été complète : intérêts, institutions, préoccupations, franchises, beaux-arts, théâtres, architecture, langues, costumes, plaisirs, rien ne ressemblait au passé… Mais, plus tard, le dénoûment du faisceau devenait plus rapide. La magistrature était janséniste, le trône officiellement libertin, le clergé gallican. Saint-Bonnet a dit avec son beau style lapidaire : « Triste récit en trois mots : le roi a corrompu la noblesse, la noblesse a corrompu la bourgeoisie, la bourgeoisie a corrompu le peuple. » On n’en était pas là encore, mais on partait pour y arriver. Les causes de tout cela, l’étude de ces causes, travail intéressant et d’un à-propos impérieux, ont échappé à