Page:Barbey d’Aurevilly - Les Philosophes et les Écrivains religieux, 1860.djvu/148

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dans la négation de la vérité chrétienne assez de placidité et d’amour. O Athéniens d’Allemagne, vous n’êtes que des enfants ! « Beaucoup d’esprits droits et honnêtes, dit-il, s’attribuent sans les mériter les honneurs de l’athéisme. » Mais ne les a pas qui veut et qui s’en vante. Feu Machiavel nous a légué son âme ! Il faut les mériter et ne s’en vanter pas ! « M. Fuerbach (nous dit encore M. Renan avec un sourire placide et superbe) a écrit en tête de la 2e édition de son Essence du christianisme : par ce livre, je me suis brouillé avec Dieu et le monde. Nous croyons que c’est un peu de sa faute, et que, s’il l’avait voulu, Dieu et le monde lui auraient pardonné. » Voilà la sagesse pour M. Ernest Renan. Faire pardonner à Dieu les insolences qu’on lui débite,

Je crois bien, entre nous, que vous n’existez pas !

n’est pas très-embarrassant quand on ne croit pas au Dieu personnel et terrible. Mais les faire pardonner au monde, c’est plus difficile et plus grave, et telles sont la prétention et la politique du livre de M. Renan. Arranger l’athéisme dans un plat convenable, avec tous les ingrédients de l’érudition et le faire trouver bon, même aux hommes religieux, imposer la négation de Dieu au nom de Dieu même, joli tour de duplicité philosophique ! Nous allons voir comment M. Renan l’a exécuté !

  • Rien de plus stérile que la Pensée philosophique au XIXe siècle. C’est par là que le Monstre se distinguera, l’infécondité ! La pensée de Diderot, l’Elargissement de Dieu jusqu’à ce qu’il en crève, est l’idée que nous retrouvons dans la plupart des écrits de ce pauvre temps.

On est obligé d’avertir.