Page:Barbey d’Aurevilly - Les Philosophes et les Écrivains religieux, 1860.djvu/186

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inventé, — qui a donné une possession d’état à ce bâtard de l’optimisme de Leibnitz, M. Cousin ne dit plus rien, perdu sous les affiquets des grandes dames du dix-septième siècle. Il est plus que mort, il est enseveli et d’antiques jupons doublent son cercueil. En dehors du saint-simonisme et de la doctrine de Fourier, qui furent moins des philosophies que des essais d’institutions sociales, nous vivons à peu près sur le fonds d’idées qui s’est produit de 1811 à 1828. Nous rongeons toujours cette feuille d’oranger que voilà suffisamment déchiquetée. Nous n’avons pas su la remplacer. La bonne volonté de la Critique d’étendre son examen aux livres de philosophie pure lui est à peu près inutile. Il n’y en a pas.

En voici deux pourtant qui, exceptionnellement, nous tombent sous la main et que nous pouvons mettre ensemble. L’un est l’Histoire de l’Intelligence, — de l’intelligence in se, comme disent les Allemands. Livre grave, qui se fronce et se donne un mal terrible pour être profond ; illisible d’ailleurs, quand on ne connaît pas le chinois de la philosophie moderne, et qui, pour cette raison, mériterait d’être traduit ! L’autre : Les Philosophes français du dix-neuvième siècle (non y compris l’auteur, bien entendu), est encore, sous une autre forme, une histoire de l’intelligence, mais de l’intelligence en acte, puisqu’il s’agit des systèmes et des plus beaux esprits philosophiques contemporains. Quant à ce second livre, il n’a pas le ton du premier. Il n’est pas grave. Bien au contraire ! Il veut être léger et il l’est trop. L’auteur, qui commence par imiter Fontenelle, finit, ma foi ! par se croire Voltaire. C’est un ricaneur perpétuel qui fait joujou des