Page:Barbey d’Aurevilly - Les Philosophes et les Écrivains religieux, 1860.djvu/253

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admirer dans ce majestueux manieur d’hypothèses que l’ordre dans lequel il les dresse et fait avec elles de grands spectacles !

Or c’est là ce qui nous importe, à nous. Nous nous soucions fort peu, pour notre compte, que la science, dont la preuve définitive n’est jamais faite, revienne maintenant, comme on le dit, aux Époques de la Nature, après les avoir insultées. Quand elle y sera revenue, peut-être s’en retournera-t-elle encore, après y avoir laissé son respect et y avoir repris son mépris. Toutes ces titubations, ces chancellements, ces allées et venues d’une science éperdue et incertaine, n’empêcheront pas que ces Époques de la nature ne soient un monument littéraire, au pied duquel elle peut, s’il lui plaît, s’agiter ! Quand les sciences naturelles, qui sont d’hier, auront grandi et seront développées, Buffon en sera probablement l’Hésiode, — un Hésiode dont les hypothèses seront les fables, — mais qui seront inviolables au Temps, sous la garde d’un langage assez beau pour être immortel.