Page:Barbey d’Aurevilly - Les Philosophes et les Écrivains religieux, 1860.djvu/349

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

III

Encore une fois, pourquoi aujourd’hui le rompt-elle ? On dit que les amis de M. Enfantin, sécularisés, comme lui, depuis près d’un quart de siècle, n’ont pas applaudi à la démonstration inopinée de leur ancien Pontife et que, ne pouvant plus le déposer, ils se seraient contentés, s’ils l’avaient pu, de l’interdire. Sans donner à ce bruit plus de consistance qu’il n’en a, toujours est-il qu’il est inconcevable qu’à propos d’une des mille prédications de l’Église, catholique, M. Enfantin ait eu le besoin de répondre pour le compte, du saint-simonisme attaqué ! Seulement, à part l’inspiration de sacerdoce rétrospectif qui l’a saisi, il n’a pas été autrement inspiré.

M. Enfantin n’a jamais eu de talent littéraire. Autrefois, celui qu’on lui reconnaissait était dans sa figure, qui ne lui avait pas coûté un sou, comme dit Sterne, et qui lui avait procuré cette sublime fonction d’hiérophante saint-simonien qui ouvrait irrésistiblement les bras, en disant à la femme libre et à la chair qui se sentait : « Venez à nous ! » La manière dont il le dit aujourd’hui aura probablement moins de succès. Personnalité profondément troublée, et qui l’est sans doute pour le reste de sa vie, par le souvenir de sa fonction grandiose, M. Enfantin publia, il y a quelques années, une autre brochure (son souffle ne va pas jusqu’au livre) dans laquelle il se comparait, si