Page:Barbey d’Aurevilly - Les Philosophes et les Écrivains religieux, 1860.djvu/58

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mort, si on l’en croyait, et lassé de ce faucon qui pèse si peu au poing du génie, il allait, lorsque la tombe le prit, quitter simplement ses costumes de palais qu’il n’appelle nulle part des guenilles, et revêtir une soutane. Dieu ne le permit point ; il lui gardait un autre autel à desservir ; il l’appela et en fit son prêtre… pour l’éternité, dans les cieux !


V

Nous avons dit que l’ouvrage principal de Donoso Cortès, le seul qui lui gardera dans la Postérité cette gloire à laquelle il ne tint point durant sa vie, était son Essai sur le catholicisme, le libéralisme et le socialisme, et c’est même le seul ouvrage régulièrement composé qu’il ait laissé parmi ses œuvres. Turbulences dans un temps turbulent, cris éloquents poussés sous la pression des circonstances, les autres écrits de Donoso Cortès, discours, articles de journaux ou lettres, ne sont pas des livres, à proprement parler, et dont la Critique puisse donner l’anatomie.

On les lira encore quelque temps, puis ils tomberont des mains, ne laissant dans les esprits d’autre impression que l’impression du bruit qu’ils firent, et ce sera bientôt effacé ! Les journalistes et les orateurs sont plus mortels que les autres hommes. Ils se résolvent mieux et plus vite en poussière. Voix de la bouche, voix de la plume, qui se sont fiées à l’air, à cette petite bouffée de vent dans laquelle elles ont parlé : le vent ne les trahit pas et il les emporte ! Quoiqu’