Page:Barbey d’Aurevilly - Les Philosophes et les Écrivains religieux, 1860.djvu/90

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Esprits, du reste, tous les deux, qui sont des exemples et qui nous font dire, — et ce serait avec désespoir, si nous croyions à cette grande vanité de la philosophie, — qu’il n’y aura pas de globe qui s’appelle en France, au dix-neuvième siècle, la gloire philosophique ! M. Jules Simon, ce blond jeune homme qui n’a pas bruni, a, comme M. Saisset, passé toute sa vie à citer des textes et à commenter des doctrines, tombées en désuétude et dans le mépris de l’histoire, si l’histoire n’était pas une pédante, quand elle est écrite par des professeurs ! Nous avons entendu les historiettes de M. Simon, lorsqu’il il faisait son cours sur l’école d’Alexandrie. Jeunes et de bonne heure en posture, à cet âge où la tête est féconde, fût-ce même en folies, MM. Jules Simon et Saisset ne furent que sages et ne créèrent rien. Ils jouèrent, plus ou moins correctement, ces Arcadiens, de la serinette de l’école. Mais ce fut tout. Ils n’eurent la crânerie d’aucune hypothèse, l’insolence d’aucune généralisation, qui les eût peut-être égarés, mais sur des hauteurs. Ils ne tuèrent sous eux aucun système, et ils passèrent leur temps et leur jeunesse à faire sur la pensée et les systèmes des autres le petit travail critique que fait sur lui-même le pauvre enfant de Murillo dont je veux leur épargner le nom !

Aujourd’hui, arrivé à cet autre âge de la vie où l’on paquette son bagage pour la postérité, M. Jules Simon, dont il est plus particulièrement question ici, d’ancien anecdotier philosophique, s’est fait moraliste pour son propre compte et presque théologien ! Singulière morale, il est vrai, et théologie plus étrange encore ! Il a écrit un livre du Devoir sans sanction et un autre livre