Page:Barbey d’Aurevilly - Les Philosophes et les Écrivains religieux, 1860.djvu/92

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Jules Simon est l’humble des humbles, en philosophie,

Le plus humble de ceux que son amour inspire !

Car il y a en ce moment, l’école des humbles en philosophie, et ce sont ceux-là qui, comme M. Simon, au lieu de compliquer et de tortiller, à la manière allemande, les arabesques déjà si brouillées de la philosophie, les simplifient au contraire, jusqu’à la ligne la plus mince et la plus diaphane, afin que cela devienne si facile d’être philosophe que naturellement tout le monde le soit !

Et tout le monde le sera. Pourquoi donc pas ?… Le seul dogme de la Religion naturelle de M. Simon est l’incompréhensibilité de Dieu. Comme c’est commode pour la haute épicerie que d’y renoncer ! M. Jules Simon, qui a lu beaucoup et cité beaucoup Pascal dans ses notes, ne se rejette pas, comme Pascal, de désespoir, devant cet abîme du scepticisme qui gronde, mais qui ne répond pas, au Dieu positif de la Révélation et de l’Église. Il a la tête plus forte que Pascal. « Philosophiquement, dit-il, nous ne savons le comment de rien : mais voilà pourquoi, ajoute-t-il, il y a une religion naturelle. » Moi, je dirais plutôt : Voilà pourquoi il doit y avoir une religion positive, une religion qui, sur toutes les questions important à l’homme et à sa destinée, prend un parti net et lui impose une solution.

Mais tel le n’est pas l’opinion de M. Jules Simon. Si, selon lui, le Dieu philosophique n’est pas compréhensible même aux plus grands génies philosophiques, et si