Page:Barbey d’Aurevilly - Les Poètes, 1862.djvu/172

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ce qu’ils sont, et retardons l’oubli auquel la femme qui ne les a pas publiés s’était peut-être résignée. Cette femme dont ils résument probablement la vie les avait divisés en plusieurs parties, sous ces noms expressifs amour, Famille, Foi, Enfants et Jeunes Filles, et Poésies diverses. Hélas ! ce sont presque les étapes de son cœur et de sa pensée. On comprend que la division de ce livre soit la division de son âme, étendue d’abord de l’amour à la famille, pour de là monter à la foi et redescendre aux enfants et enfin s’éparpiller dans l’indifférence des pièces diverses. Le chétif zodiaque est bientôt parcouru. En les prenant sans les choisir dans le recueil, et sans les rapporter au titre de chaque livre, les pièces que la Critique pourrait signaler sont nombreuses. Ce sont Les Cloches et les Larmes, Hirondelle ! Hirondelle ! Hirondelle !, La Feuille volée, Les Éclairs, Les Roses de Saadi, La Jeune Fille et le Ramier, qui finit par cette strophe interjective et profonde :

Laissez pleuvoir, ô cœurs solitaires et doux !

Sous l’orage qui passe il renaît tant de choses !

Le soleil, sans pluie, ouvrirait-il les roses ?

Amants, vous attendez ! de quoi vous plaignez-vous ?

Ce sont encore La Voix d’un ami qui est l’ardeur de l’amour introduite dans le sentiment le plus calme, L’Esclave et l’Oiseau, Le Secret perdu, La Jeune comédienne. A mon fils avant le collège, où je trouve ce beau trait défiant, désespéré et jaloux :

Candeur de mon enfant, on va bien vous détruire !

Enfin, La Couronne effeuillée, La Vie perdue, et surtout