Page:Barbey d’Aurevilly - Les Poètes, 1862.djvu/228

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aller plus loin de ce côté sur le vu de ce qu’on y trouverait, ou une exhortation à passer outre ? Serait-ce là pour lui, trop indéchiffrable d’inscription, la colonne d’Hercule du travail poétique qu’il vient d’achever et auquel il ne souhaite pas qu’on ajoute ? L’auteur de ces Colifichets, qui a cravaté son recueil de cette fière et belle épigraphe :

Tout est le droit du peintre et du poète !

n’aurait-il pas osé s’expliquer, lui qui écrit ses préfaces en vers aussi commodément qu’en prose, sur cette pièce, unique de sa sorte, de façon que nous ne savons pas si, en faisant flairer cette chinoiserie à sa Muse et au public de sa Muse, il a voulu les en effrayer l’une et l’autre ou les y accoutumer tous les deux ?

VIII

Ainsi je finis par un doute. Cet esprit qui ne biaise jamais, ce poète de résolution, cet héroïque qui n’a peur de rien, — qui n’eut pas peur un jour, dans une nation rieuse, de mettre en vers flamboyants, sonores et magnifiques de mouvement, de nombre et d’harmonie, les tableaux grotesques du petit père André, sachant et très-sûr qu’où le poète met sa griffe la marque reste et reste seule sur le ridicule effacé, lui, le poète des Crâneries, qui en fera une tant qu’il aura le crâne au-dessus des épaules, me laisse indécis sur