Page:Barbey d’Aurevilly - Les Poètes, 1862.djvu/341

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du comique avec des nuances délicieuses d’humour contenue : mais voici le vrai Châtillon, voici la Bonté qui met les larmes aux yeux à l’Ironie :

Du moins, je ne perds pas courage.

Il faut se faire une raison…

En me plaçant sur leur passage

Je verrai ceux de la maison !

Voir des heureux, c’est quelque chose !

Se croire heureux est plus encor.

Adieu ! maison à porte close

Ouverte sur mon rêve d’or.

Et vous avez là toute l’originalité du poète, tout le neuf d’une manière inconnue. Ce n’est encore qu’un filet de voix, mais d’une voix à part et qui pourrait devenir quelque chose d’une simplicité bien divine, si le chanteur voulait oublier les solfèges par lesquels son pauvre filet de voix a passé.

III

J’ai dit que M. Auguste de Châtillon n’était pas de l’école des Matériels qui font feu de toutes pierres et de toutes couleurs dans la poésie contemporaine, orfèvres qui croient que des bijoux consolent de tout, comme leur honnête parent, M. Josse. Mais, s’il est sentimental par l’inspiration, — et un sentimental exquis, même quand il est gai, écoutez plutôt :

Vous voulez savoir la cause,

La cause de ma douleur