Page:Barbey d’Aurevilly - Les Poètes, 1862.djvu/52

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Jusqu’aux portes visionnaires

Du ciel sacré ! Et si vous aboyez, tonnerres !

Je rugirai !

Figaro disait : « Vous parlez latin. Eh bien ! moi, grec ! Je vous assomme. » C’est la pensée de M. Victor Hugo, mais plus joliment et plus classiquement exprimée ! Laissons-le donc sur cette menace. Nous ne sommes que critique. Nous ne sommes pas tonnerre. Il rugirait. C’est assez comme cela. Nous sommes fatigué, et vous aussi, n’est-ce pas ? Seulement, concluons en deux mots. Une si effroyable comédie de l’emphase n’est plus de la littérature ni du talent, mais du désordre intellectuel du plus inquiétant caractère, de l’anarchie d’esprit à sa plus haute puissance. M. Victor Hugo n’a qu’une langue, et il est sa tour de Babel à lui seul, périssant et croulé dans sa propre confusion.

Je ne crains pas de le dire nettement, — simplement, — et la conscience sans aucun reproche, — malgré l’exil !

VIII

Je suis venu tard à La Légende des siècles, et c’était à dessein. J’ai lu et relu toute cette poésie, et j’ai écouté la critique qu’on a faite et qu’on fait encore de ce vaste livre qui n’est, après tout, qu’un recueil de vers. J’y ai cherché, selon l’indication du poète, le