Page:Barbey d’Aurevilly - Les Romanciers, 1865.djvu/160

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a vanté comme un chef-d’œuvre. Pour mon humble part, il m’est impossible de souscrire à un jugement pareil ou de m’y associer. Tout ce que je vois dans le livre de M. Feydeau nouvellement publié, c’est un retour à sa première manière, qu’elle fût d’ailleurs spontanée ou d’imitation dans Fanny. Or, le retour à la première manière est presque toujours un progrès dans un homme, car la première manière est la vraie ; elle est d’instinct pour les facultés, quelle qu’en soit la force ou la faiblesse.

M. Feydeau, qui n’a pas, en écrivant Catherine d’Overmeire, produit un livre meilleur que Fanny comme exécution, et qui en a produit un très-inférieur comme vue et portée, a pourtant regagné du terrain, le terrain qu’il avait perdu quand il écrivait Daniel.

Au milieu de tout cet abus descriptif que je reproche à M. Feydeau, et de cette possession de son âme par la matière et ses spectacles ; au milieu des personnages de son roman, qui agissent dans la logique de leurs passions, mais aussi dans la logique de leur bassesse, il y a deux ou trois détails à noter, et que je noterai précisément parce que je repousse nettement et formellement tout le reste. Ainsi, dans l’ordre des caractères, la grand’mère de Catherine est le seul qu’on puisse excepter de l’abaissement général, mais l’originalité n’y est pas, et aux termes où en sont arrivées les littératures, il n’est plus permis de peindre la maternité sans rencontrer l’originalité dans la profondeur qu’on lui donne. Autrement, il serait trop facile de toucher avec des sentiments maternels ! Ainsi, dans l’ordre des scènes et des effets, l’enlèvement