Page:Barbey d’Aurevilly - Poussières.djvu/42

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Mon orgueil t’obéit sans risquer un murmure.
À ce monde sans cœur je cache mes regrets ;
Sous un dédain léger je voile ma torture,
Et si bien — que toi-même aussi t’y tromperais !

Et tu m’aimas pourtant ! Amour triste et rapide !
Ne me semblait-il pas le plus profond des deux ?
Sans moi de quel bonheur étais-tu donc avide,
Puisqu’avec moi jamais tu n’avais l’air heureux ?

Mais à présent sans moi plus heureuse, j’espère,
Si tu penses parfois à celui qui t’aimait,
Ne te repens-tu pas d’avoir fait un mystère
Du mal que tu cachais et qui l’inquiétait ?

Et si tu t’en repens, cache-le dans ton âme.
Tout n’est-il pas, hélas ! entre nous consommé ?
Ô toi qui n’eus jamais l’abandon d’une femme,
Reste ce que tu fus, ô blond Sphinx trop aimé !