Page:Barbey d’Aurevilly - Un prêtre marié, Lemerre, 1881, tome 2.djvu/35

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âprement éclairée, à deux ou trois places, de la rouge flamme qu’on voyait par le soupirail des fourneaux et dont le reflet rampant sur le sol ne montait qu’à la hauteur des plinthes.

Ces fourneaux couverts de trépieds, surmontés à leur tour de vasques ou d’appareils, qui déconcertaient, par la complication de leur forme, l’imagination du prêtre qui les voyait pour la première fois, les bouillonnements, les frémissements des matières soumises à l’action du feu et qui susurraient alors d’un susurrement sinistre, comme si elles s’impatientaient d’être contenues en ces métaux incandescents qu’elles pouvaient briser ; cette atmosphère saturée de l’odeur des gaz, tout ce que voyait, entendait, respirait l’abbé Méautis lui paraissait marqué d’un caractère diabolique… Il était bien chez Sombreval.

Jusque-là, au Quesnay, il ne s’était senti que chez Calixte. À présent, il se sentait chez l’homme qui faisait peur à toute la contrée. Dans ce milieu, il le comprenait davantage. Il l’y voyait aujourd’hui, en sayon de travail, le cou nu, la face noircie, les cheveux brûlés par un phosphore qui s’était enflammé dans ses mains et dont la flamme avait sauté à sa figure dans les expériences du matin.

Préoccupé de ce qui menaçait Calixte, Sombreval avait manqué d’attention et il avait failli