Page:Barbey d’Aurevilly - Un prêtre marié, Lemerre, 1881, tome 2.djvu/39

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ronne du divin Condamné n’aurait-il pas bien fait, même aux yeux du Dieu qui l’abandonnait à ses bourreaux ? Votre fille, monsieur, souffre par vous… hélas ! oui, par vous qui l’aimez… Ah ! je sais combien vous l’aimez ! Mais cette douleur-là, personne que vous ne peut l’empêcher, et l’heure malheureusement n’est pas venue où vous le voudrez… Seulement, monsieur, dans cette douleur, faite de tant de souffrances et qui lui vient de vous, — car elle lui vient de vous ! — il y en a que vous pourriez pourtant ôter, et il resterait encore assez d’épines comme cela à sa couronne !

Il s’arrêta et il regarda Sombreval, qui n’avait pas relevé les yeux et qui lui dit avec douceur :

— Pourquoi donc vous arrêtez-vous ? Continuez, monsieur. Vous le voyez, je vous écoute.

— Eh bien, monsieur, — reprit le prêtre raffermi, — qui avait les finesses du bien qu’il voulait faire comme il avait les pitiés du mal qu’involontairement il pouvait causer, vous n’ignorez pas quel scandale immense a produit, quand vous avez acheté le Quesnay, votre réapparition dans ce pays religieux encore, que vous aviez quitté prêtre et où vous reveniez au bout de quelques années… avec une enfant ! Ç’a été comme un coup de foudre ! L’enfant, il est vrai, par le fait de circonstances que j’appellerai