Page:Barbey d’Aurevilly - Un prêtre marié, Lemerre, 1881, tome 2.djvu/78

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— Non ! répondit Sombreval. La Sangsurière est un mauvais pas, impossible aux voitures et dur aux chevaux ; j’y ai vu casser des chars-à-bancs ! Venez jusque-là. Vous reviendrez demain dire à Calixte que son père y a passé sain et sauf, et ce sera pour elle une inquiétude plus vite ôtée, et, pour vous, une raison pour plus vite revenir !

— Ah ! dit Néel, les yeux étincelants du bonheur de faire quelque chose pour Calixte. Je peux être ici dans la nuit, et Foudre (c’était son cheval favori) va gagner son nom !

Pendant qu’ils parlaient ainsi, arriva l’abbé Méautis, que Sombreval avait prié d’être au Quesnay quand il se séparerait de sa fille. Quoi qu’il pensât de la force de Calixte, il avait peur pour elle, et, par précaution, il voulait la laisser avec le prêtre en qui elle avait une si suprême confiance. En la quittant, il l’appuierait contre cette colonne. Calixte et l’abbé prieraient ensemble, quand il serait parti, et l’angoisse de la séparation pour elle serait diminuée. Cette angoisse ne serait complète que pour lui seul.

C’était au soir qu’ils devaient partir… Mais, dans ce pays où l’on dînait au coup de midi, le soir, c’étaient quatre heures ; — et, d’ailleurs, en partant à quatre heures, ils arrivaient avant la nuit à la Sangsurière, où l’on ne pouvait, à