Page:Barbey d’Aurevilly - Un prêtre marié, Lemerre, 1881, tome 2.djvu/83

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même à cause de ce que je vais vous confier, mon ami, qu’il est bon, au contraire, que vous retourniez au Quesnay, et qu’on le sache bien dans la contrée ! Vous qui vivez entre Néhou et le Quesnay, et qui avez voulu partager l’isolement de notre solitude, vous dont on craint l’impétuosité, vous n’avez certainement pas entendu ce qui vous eût fait bouillir de la plus violente de vos colères… Mais les choses en sont là, voyez-vous, qu’il vaudrait mieux pour ma chaste enfant passer dans l’opinion pour la maîtresse de monsieur Néel de Néhou que d’être ce qu’on ose la dire…

— Et que dit-on ? Et qui dit cela ?… interrompit à son tour Néel déjà tout pâle.

— Vous le saurez tout à l’heure !… Mais traversons le bourg ! répondit Sombreval.

Et ils donnèrent de l’éperon, l’un et l’autre, et brûlèrent le pavé de la bourgade, où les femmes, qui dévidaient aux portes, par cette jaune et calme après-midi aux rayons d’or, les virent passer avec ébahissement.

— Quelle compagnie pourtant pour M. de Néhou ! dit l’une d’elles qui haussa les épaules de pitié.

Mais ils n’entendirent ni cette réflexion, ni (s’il y en eut d’autres) celles qui suivirent. Ils furent bientôt de l’autre côté du bourg ; et lorsque les pieds de leurs chevaux eurent quitté