Page:Barbier - Iambes et Poèmes, 1841.djvu/101

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Fait mon sein plus pelé que la nuque d’un gueux.
L’encens humain parfois a beau fumer encore,
Ce n’est qu’un souvenir qui bientôt s’évapore ;
Il retombe à la terre, et ne va pas plus haut
Que la voûte du temple et son froid échafaud :
L’homme enfin ne peut plus parler avec les anges,
J’ai perdu tous mes saints, mes vierges, mes archanges.
Tout ce peuple du ciel qu’aux regards des humains,
Un homme aimé de Dieu, poète aux belles mains,
Raphaël, fit souvent descendre sur ses toiles.
Tout est mort maintenant, par-delà mes étoiles,
Par-delà mon soleil nul écho ne répond ;
Et l’on ne trouve plus qu’un abîme profond,
Un vaste et sombre anneau sans chaton et sans pierre,
Un gouffre sans limite, une nuit sans lumière,
Une fosse béante, un immense cercueil,
Et l’orbite sans fond dont l’homme a crevé l’œil.