Page:Barbier - Iambes et Poèmes, 1841.djvu/115

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

A soif, après le vin, du sang de quelque bête,
Vous qui cherchez la mort comme on cherche une fête,
Oh ! N’allez pas si loin, arrêtez vos coursiers,
La mort est près de vous, la mort est sous vos pieds,
La mort vous garde ici les plus rares merveilles ;
Croyez-en vos chevaux qui dressent leurs oreilles,
Voyez leur cou fumant dont la veine se tord,
Leur frayeur vous dira qu’ils ont senti la mort,
Et que ce noir terrain a reçu de nature
Le don de convertir les corps en pourriture.
Or, en ces trois tombeaux ouverts sur le chemin,
Voyez ce qu’en un jour elle fait d’un humain :
Le premier, que son dard tout nouvellement pique,
A le ventre gonflé comme un homme hydropique ;
Le second est déjà dévoré par les vers,
Et le dernier n’est plus qu’un squelette aux os verts,
Où le vent empesté, le vent passe et soupire,
Comme à travers les flancs décharnés d’un navire.
Certes c’est chose horrible, et ces morts engourdis
Figeraient la sueur au front des plus hardis ;