Page:Barbier - Iambes et Poèmes, 1841.djvu/214

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Que plus d’une avec soin, en mère de famille,
Dès le premier jupon passe au corps de sa fille.

Mais à quoi bon vouloir, par la plainte et les cris,
Nous venger des regards dont nos cœurs sont flétris ?
Les malédictions retombent sur nos âmes.
Sous le poignet de l’homme et le mépris des femmes,
Ah ! Quoi que nous disions, nous aurons toujours tort,
Et nous ne pourrons rien changer à notre sort.
Il vaut mieux dans ce monde, épouvantable geôle,
Achever jusqu’au bout notre pénible rôle ;
Il vaut mieux, aux clartés des théâtres en feux,
Étourdir chaque soir nos fronts silencieux ;
Et que gin et whisky de leur onde enivrante,
Rallumant dans nos corps une vie expirante,
Nous fassent, s’il se peut, perdre le sentiment
D’un métier que l’enfer seul égale en tourment.

Enfin, pour nous enfin, si la vie est une ombre
Et la terre un bourbier, — la mort n’est pas si sombre.