Page:Barbier - Iambes et Poèmes, 1841.djvu/221

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À cent chevaux frappés d’un aiguillon soudain ;
Ici, comme un taureau, la vapeur prisonnière
Hurle, mugit au fond d’une vaste chaudière,
Et, poussant au dehors deux immenses pistons,
Fait crier cent rouets à chacun de leurs bonds.
Plus loin, à travers l’air, des milliers de bobines
Tournant avec vitesse et sans qu’on puisse voir,
Comme mille serpents aux langues assassines
Dardent leurs sifflements du matin jusqu’au soir.
C’est un choc éternel d’étages en étages,
Un mélange confus de leviers, de rouages,
De chaînes, de crampons se croisant, se heurtant,
Un concert infernal qui va toujours grondant,
Et dans le sein duquel un peuple aux noirs visages,
Un peuple de vivants rabougris et chétifs
Mêlent comme chanteurs des cris sourds et plaintifs.


L’ouvrier.


Ô maître, bien que je sois pâle,