Page:Barbier - Iambes et Poèmes, 1841.djvu/278

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Les chênes, les sapins et les cèdres immenses,
Le plein déroulement de toutes les semences,
Si l’active matière et ne vit et ne croît
Que par l’ordre de l’homme, au signal de son doigt ?
Ah ! Les êtres diront, chacun dans son entrave :
L’enfant de la nature a fait sa mère esclave !

Ô nature ! Nature, amante des grands cœurs,
Mère des animaux, des pierres et des fleurs,
Inépuisable flanc et matrice féconde
D’où s’échappent sans fin les choses de ce monde,
Est- il possible, ô toi dont le genou puissant
Sur le globe nouveau berça l’homme naissant !
Que tu laisses meurtrir ta céleste mamelle
Par les lourds instruments de la race mortelle ?
Que tu laisses bannir ta suprême beauté
Des murs envahissants de l’humaine cité ?
Et que tu ne sois plus, comme dans ta jeunesse,
Notre plus cher amour, cette bonne déesse
Qui, mêlant son sourire à nos simples travaux,
Des habitants du ciel nous rendait les égaux,