Page:Barbier - Iambes et Poèmes, 1841.djvu/46

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

        Ses reins si souples et dispos,
Centaure impétueux, tu pris sa chevelure,
        Tu montas botté sur son dos.
Alors, comme elle aimait les rumeurs de la guerre,
        La poudre et les tambours battants,
Pour champ de course, alors, tu lui donnas la terre,
        Et des combats pour passe-temps ;
Alors, plus de repos, plus de nuits, plus de sommes,
        Toujours l’air, toujours le travail,
Toujours comme du sable écraser des corps d’hommes.
        Toujours du sang jusqu’au poitrail ;
Quinze ans, son dur sabot dans sa course rapide
        Broya des générations ;
Quinze ans, elle passa, fumante, à toute bride
        Sur le ventre des nations.
Enfin lasse d’aller sans finir sa carrière,
        D’aller sans user son chemin,
De pétrir l’univers, et comme une poussière
        De soulever le genre humain ;
Les jarrets épuisés, haletante et sans force,