Page:Barbier - Iambes et Poèmes, 1841.djvu/89

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

La vierge pure comme l’or,
Sans penser que plus tard l’immortelle déesse
Devait tant nous coûter encor.
Nous rêvions un ciel doux, un ciel exempt d’orages,
Un éternel et vaste azur,
Tandis que sur nos fronts s’amassaient les nuages :
L’avenir devenait obscur.

Et nous avons revu ce qu’avaient vu nos pères,
Le sang humain dans les ruisseaux,
Et l’angoisse des nuits glaçant le cœur des mères,
Quand le plomb battait les carreaux ;
Le régicide infect aux vengeances infâmes
Et ses stupides attentats,
La baïonnette ardente entrant au sein des femmes,
Les enfants percés dans leurs bras :
Enfin les vieux forfaits d’une époque cruelle
Se sont tous relevés, hélas !
Pour nous faire douter qu’en sa marche éternelle
Le monde ait avancé d’un pas.