Page:Barbier - Satires et Chants, 1869.djvu/249

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


Ô France ! ô mon pays, grand parmi les plus grands !
Qui ne serait point fier d’être un de tes enfants
Quand l’on voit, comme moi, l’exemple que tu donnes
Au reste des humains ! -arbitre des couronnes,
Reine des nations, continue à marcher
Dans la route où première et sans jamais broncher
Tu mis pied vaillamment ! Chaque jour l’industrie
T’apporte les secours de son puissant génie,
Ses fils électrisés qui s’allongent dans l’air,
Sa bouillante vapeur et ses chemins de fer ;
Avec tous ces engins porteurs de la pensée,
Vites comme la foudre à travers cieux lancée,
Tu dois toucher le but où depuis si longtemps
Et par tant de grands rois tu vises et tu tends :
L’enrégimentement de ton beau territoire.
Redouble donc d’efforts, et, jaloux de ta gloire,
Tous les peuples du monde imiteront tes pas,
Et bientôt brillera le jour aux purs éclats
Où l’éternel, du haut de son céleste dôme,
Verra le globe entier marcher comme un seul homme.
Quel moment ! J’y crois être en esprit transporté !
C’est alors qu’on pourra dire avec vérité
Que notre genre humain n’est qu’un peuple de frères ;
Car n’étant plus sujet à passions contraires,
On ne trouvera plus en toute nation
Qu’une seule pensée, une seule action.
Des plus grosses cités au plus petit village
La règle en ses réseaux tiendra le sexe et l’âge ;
Et, comme au régiment, dans l’intérêt commun,
Et pour le juste emploi des forces de chacun,
Les lois ordonneront le temps de toute affaire ;
Temps pour être au travail et temps pour ne rien faire,
Temps pour garder la chambre et temps pour en sortir,
Temps pour dîner, souper, déjeuner et dormir,
Temps même... je m’entends.

Madame Prudhomme.