Page:Barbier - Satires et Chants, 1869.djvu/273

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Il me souvient qu’un jour, aux plaines de l’Ombrie
Voyageant, suivant l’us de la vieille Italie,
Dans le carrosse lourd d’un lent vetturino,
Nous prîmes à mi-route un compagnon nouveau ;
On avait dépassé d’un mille ou deux Spolète,
Ville antique et sans peur, la seule qui tint tête
Au fameux Annibal. Notre homme dans son coin,
Après force saluts, s’assit, puis avec soin
Rangeant ses vêtements et fermant la paupière,
S’endormit au roulis du coche dans l’ornière.
Tandis qu’il sommeillait en ronflant doucement,
J’examinai son air et son accoutrement.

C’était un beau vieillard basané de visage,
Et sur le front duquel la rude main de l’âge
Avait en sens divers tracé maint sillon creux
Et semé sur le poil plus d’un flocon neigeux.
Il portait un habit en drap de couleur brune,
Culotte également de drap, puis à chacune