Veut, malgré ſon dépit, me parler & m’entendre ?
Quel eſt donc ce deſſein ?
Qu’un jour, qu’un ſeul moment ait changé votre cœur,
Et ne peut ſe réſoudre à vous croire parjure,
A moins que votre bouche ici ne l’en aſſure.
Je pourrois… ah ! fuyons, je me connois trop bien,
Je ne ſoutiendrois pas un ſi triſte entretien.
Tu ſçais quel eſt l’amour qui pour elle m’enflâme,
Et mes yeux trahiroient le ſecret de mon ame.
Et pourquoi plus long-tems lui cacher ce ſecret ?
On ſe peut dans ſon ſein dépoſer ſans regret.
Comme vous des tyrans ennemie implacable,
De quelle fermeté n’eſt-elle point capable ?
En doutez-vous, Seigneur, vous qui la connoiſſez ?
Je te l’ai déja dit, elle aime ; c’eſt aſſez.
Aprenez-lui du moins que votre cœur fidelle,
En abuſant Céſar, ſe conſerve pour elle.
M’en croiroit-elle ? non ; & pour la raſſurer,
Il faudroit me reſoudre à lui tout déclarer.
Avec elle toûjours j’ignorai l’art de feindre :
Elle aprofondiroit ce qui peut m’y contraindre ;