Page:Barbusse - L’Enfer.djvu/107

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Elle rit, de sa large face rougeaude ; ses cheveux à moitié défaits retombent sur son front, ses seins plantureux s’enfoncent sous les doigts crispés qui l’enserrent.

Il essaye de tirer sa jupe, de la relever. Elle serre les jambes et applique ses mains sur ses cuisses, pour maintenir la robe. Elle n’y réussit qu’à demi. On voit ses bas qui se plissent sur sa jambe ronde et vaste, un bout de chemise, ses savates. Ils piétinent sur la robe d’Aimée que la fille a laissée aller de ses mains et qui est délicatement tombée.

Puis elle trouve que cela a assez duré :

— Ah ! non, en voilà assez, mon petit, zut alors !

Comme il ne dit toujours rien, approchant de la nuque sa mâchoire, comme la gueule du désir, elle se fâche :

— Ah non ! assez ! Zut, que j’vous dis !

… Il a fini par la lâcher, et il s’en va en riant d’un rire damné, de honte et de cynisme, la démarche presque titubante, sous l’action d’une énorme poussée intérieure.

Il s’en va parmi les femmes qui passent, les yeux obsédés par un cauchemar qui relève les robes sur les têtes.

La sève bouillonne en lui et veut sortir. Si ce qui l’obsède ne jaillit pas de lui, cela lui montera à la tête comme le lait d’une mère. Il est là, ce vague père d’hommes, qui tâtonne, les bras en avant pour l’étreinte, rongé d’une blessure qui aboutit, chancelant vers un lit, fort de tout son poids.

Mais ce n’est pas seulement l’énorme instinct,