Page:Barchou de Penhoën - Histoire de la conquête de l’Inde par l’Angleterre, tome 1.djvu/21

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encore que de simples marchands, que déjà ceux-ci jouaient un rôle important dans l’Orient. Dupleix avait compris la faiblesse de l’empire mogol, et conçu le projet de s’en rendre maître, à une époque où il n’aurait pu trouver dans l’Inde entière un seul homme à qui communiquer ce projet sans paraître frappé de folie. Comme gouverneur de Pondichéry, il faisait et défaisait des nabobs et des subahdars, c’est-à-dire des souverains régnant sur des millions de sujets. Il écrivait au conseil de la Compagnie des Indes : « S’il vous faisait plaisir de vous emparer du royaume de Tanjore, rien ne serait plus facile. Ses revenus sont de 15 millions ; quand vous le voudrez, vous en serez possesseurs. » Il régnait non seulement sur le Carnatique, mais aussi sur le Deccan, c’est-à-dire sur une population de 35 millions d’habitants, c’est-à-dire formant un tiers et plus de l’empire mogol. Un des grands officiers de l’empereur lui écrivait : « Le trône du grand Mogol tremble au seul bruit de votre nom. » Et cette fois l’emphase orientale n’allait point au-delà de la vérité. À côté de Dupleix se trouvaient encore Mahé La Bourdonnais, créateur des îles de France et de Bourbon, le plus grand homme de mer peut-être que la France ait produit, digne du moins de disputer ce titre au bailli de Suffren, que nous verrons paraître long-temps après