Page:Barchou de Penhoën - Histoire de la conquête de l’Inde par l’Angleterre, tome 1.djvu/23

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tous deux aspirent à l’anéantissement de leur puissance dans l’Inde, mais tous deux tendent à ce but par des voies différentes. La Bourdonnais veut se servir de toutes les forces françaises pour attaquer l’ennemi sur les côtes ; il veut l’écraser à Madras et à Calcutta : tâche glorieuse, possible, je dirais volontiers facile même, grâce à ses talents et à son énergie. Les projets de Dupleix sont tout autres. En se mêlant aux intérêts politiques des princes de l’Inde, Dupleix veut dominer l’Inde entière par les armes et la politique ; il veut que l’Inde obéisse à une impulsion française, qu’elle devienne française pour ainsi dire. Ce but atteint, l’Inde eût expulsé de son sein les Anglais, pour ainsi dire d’elle-même et tout naturellement. Ce plan, tout gigantesque qu’il fût, n”était nullement chimérique ; des moyens assez médiocres, mais employés avec sagesse, habileté, en connaissance de cause, eussent suffi pour le réaliser. Prenant leur point de départ dans deux systèmes tellement opposés, La Bourdonnais et Dupleix, en dépit de leur supériorité d’esprit, ne purent s’entendre. Des rivalités de toutes sortes, nées de cette mésintelligence, les divisent, les séparent ; elles amenèrent le triomphe d’un ennemi qu’un seul d’entre eux eût, suivant toute probabilité, suffi pour abattre.

Dans la suite de la lutte, les Anglais reprennent