Page:Barchou de Penhoën - Histoire de la conquête de l’Inde par l’Angleterre, tome 1.djvu/36

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croyances, des mêmes mœurs ; toutes choses qui rendirent facile à Sevajee et à ses successeurs d’en faire un tout compacte, de les former en corps de nation. Sectateurs de Brahma, ils étaient animés contre les conquérants musulmans d’une profonde haine religieuse ; toute guerre avec ces derniers leur semblait une sorte de guerre sainte ou de croisade. Mêlant des habitudes d’ordinaire séparées chez les guerriers de l’Occident, ils se plaisaient à joindre le mensonge et la ruse à la force et à la bravoure ; ils se glorifiaient autant d’une fuite rapide que d’une bataille gagnée. Par ce côté et par quelques autres, la ressemblance était grande entre eux et les Goths et les Vandales, qui jadis dévastèrent l’Europe.

Après la mort de Sevajee, le pouvoir demeura long-temps aux mains de ses successeurs ; mais amollis par la possession du trône, ceux-ci laissèrent bientôt échapper de leurs mains débiles la réalité de ce pouvoir. Il passa dans les mains d’un premier ministre nommé peschwah, et à son tour ce dernier ne tarda pas à rendre cette charge héréditaire dans sa propre famille. Une partie des chefs mahrattes appartenaient aux castes nobles des brahmes et des Chactryas ; mais il en était d’autres d’une origine toute récente, souvent simples soldats favorisés par la fortune des armes. Parmi