Page:Barchou de Penhoën - Histoire de la conquête de l’Inde par l’Angleterre, tome 1.djvu/69

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

s’en empare sans grande résistance. Le prince indou revenant aussitôt sur ses pas, met le siège devant sa propre capitale. Les Portugais, divisés entre eux, ne peuvent se maintenir ; ils abandonnent leur nouvelle conquête et cherchent un refuge dans leurs vaisseaux, qui toutefois ne quittent pas la rade : ils attendaient des secours de Cochin. Sur ces entrefaites, les vivres vinrent à manquer ; le rajah, qui en fut instruit, leur en envoya avec ces paroles : « Ce n’est pas par la faim, c’est par les armes que je veux vaincre. » Le commandant portugais répondit non moins fièrement : « Je ne recevrai pas les présents du rajah avant que nous soyions amis. » Le rajah se trouvant bientôt forcé d’abandonner de nouveau Goa pour se porter sur ses frontières, les Portugais débarquèrent et firent une nouvelle tentative sur la place. Le lieutenant du rajah, peu digne de sa confiance, se hâta d’abandonner les ouvrages extérieurs, bien qu’ils fussent garnis d’artillerie et suffisamment approvisionnés. Les Portugais pénétrèrent dans la ville sans difficultés ; et seulement alors ils commencèrent à rencontrer une vive résistance. Les habitants se firent tuer quelque temps dans les rues ; il fallut les chasser de maison en maison. Mais le nombre ne saurait lutter long-temps contre la discipline ; les Portugais, après avoir eu cinquante morts et trois cents blessés, demeurèrent définitivement maîtres de la place. Albuquerque ne tarda pas à tirer parti de sa conquête ; il attira dans les murs de Goa un grand