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LA MONTAGNE NOIRE. — LE LIBRETTO

être suggérée à l’auteur par une coutume en honneur chez certaines peuplades à demi-sauvages de l’Orient, et qui était celle-ci. Quand, à la suite de victoires communes ou de dévouements réciproques, deux jeunes hommes échangeaient un serment de fraternité, rendu sacré aux yeux de tous par un rite, variant selon les contrées, ils devaient marcher au même but sans jamais s’écarter l’un de l’autre, demeurant solidaires dans l’honneur ou l’opprobre, dans la gloire ou la défaite, et résolus, chacun de son côté, à sacrifier, s’il le fallait, sa vie pour le frère choisi, accepté, sous ces conditions, en toute liberté. Ce serment à peine prononcé par les deux frères d’armes, Mirko et Aslar, guerriers monténégrins qui viennent de vaincre les Turcs envahisseurs, une jeune Turque, Yamina, poursuivie par les Montagnards prêts à la mettre à mort, fait irruption en demandant grâce. Mirko, pourtant fiancé à Héléna, subit le charme de l’étrangère et use en sa faveur du droit de sauver une ennemie en la gardant prisonnière sous son toit. Héléna, puis Aslar, s’aperçoivent du trouble où l’aspect de Yamina plonge Mirko, et Aslar déclare : « Frère, il eût mieux valu la tuer tout à l’heure ! » Le fait est que cette dévorante passion ne représente pas une sinécure pour le pauvre ami, qui tout le long de l’ouvrage va s’efforcer d’arracher Mirko à la fatale séduction. C’est l’éternelle lutte entre le bien et le mal, le devoir et l’amour, l’ange et le démon. Augusta Holmes a doublé l’une des parties adverses au moyen d’Aslar et d’Héléna, — personnifiant la Patrie et la Fidélité, — liguées, contre la féline Yamina. Natu-