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I

Évolution dans l’art musical


De l’examen des compositions d’Augusta Holmès il résulte deux remarques expliquant, je crois, le sort si différent que hier et aujourd’hui accordent à des ouvrages en qui rien n’a changé : c’est d’abord l’évolution, si accentuée en ces derniers temps, dans l’art musical et dans l’appréciation du public pour cet art. Je n’ai pas à commenter les métamorphoses survenues de part et d’autre, progrès souvent, aberration parfois, dont il semble que le principe soit de brûler ce qu’on adora et d’adorer ce que naguère on eût brûlé comme oeuvre d’obscure sorcellerie. Évidemment notre sens de la musique s’est affiné, l’éducation de notre oreille s’est à tel point perfectionnée, que certains musiciens condamnent irrémissiblement toute mélodie accessible au commun des mortels. Jusqu’aux plus fidèles partisans des anciennes formules qui sentent fléchir leurs convictions et branler leur admiration pour Meyerbeer ou Gounod !

On doit se réjouir de ces revirements dénotant une épuration du goût, surtout quand on songe aux déconcertants jugements d’Aristarques d’antan, accusant Beethoven d’obscurité et d’aliénation, tournant en dérision les plus sublimes pages de Wagner, affolant, par