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L’ORGANISATION FÉMININE À L’ÉGARD DE LA MUSIQUE

que la mesure de ce dont elles seraient capables, sous certaines conditions.

Il est incontestable que les femmes, en tant d’autres domaines supérieures et originales, demeurent assez ternes ou trop imparfaites dès qu’elles abordent la composition musicale, même quand elles paraissent pourvues des brevets nécessaires pour passer hors ligne. À un degré moindre, cette infériorité se retrouve parmi les simples interprètes. Bien que beaucoup plus nombreuses que les hommes, on n’en voit guère qui puissent rivaliser avec leurs frères transcendants ; je mets à part les cantatrices : celles-ci l’emportent en général sur les chanteurs, mais ce n’est point par le côté essentiellement musical, c’est parce que si la voix féminine fait tant que d’être jolie, elle plaît plus que l’organe masculin, sans doute à cause de la prédilection de l’oreille pour les voix hautes, — les ténors sont préférés aux barytons, ces derniers aux basses, les soprani ont plus de partisans que les contraltos ; c’est aussi parce que la femme, naturellement plus souple, plus comédienne que l’homme, renforce l’expression de son chant par les jeux de physionomie et les attitudes ; enfin parce que son sentiment s’alimente au caractère, aux situations scéniques.

Considérons maintenant « l’instrumentiste » privée d’artifices matériels : rares sont les femmes qui dès leurs jeunes ans ne furent pas juchées sur un tabouret de piano ; beaucoup persévérèrent, les Conservatoires cultivant fort la graine de pianistes, les concerts enflammant leur ambition de gloire, l’espoir de gros