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L’ORGANISATION FÉMININE À L’ÉGARD DE LA MUSIQUE

line, ne les favorisent pas en effet dans les manifestations tumultueuses de la musique, et de cela elles sont irresponsables ; restent le sentiment profond, le style exact, la qualité du toucher, qui peuvent prendre plein essor sans sonorités excédant la puissance des femmes de qui d’autres vertus pianistiques devraient encore être l’apanage : la finesse, la grâce, l’élégance, l’originalité, le charme. Naturellement, chacune se croit en possession de tout ce que je viens d’énumérer ; à plus ou moins de degrés, chacune se trompe. Souvent les pianistes prétendant à ces précieux effets, ne réalisent qu’une interprétation maniérée, fausse ; tantôt c’est étriqué par excès de vitesse, tantôt c’est alourdi ou traîné en vue d’accentuations soi-disant pathétiques ou expressives ; à certains moments il y a sécheresse, à d’autres, confusion ; l’exécutante qu’une force virile avantage s’en fait plutôt une arme étourdissante qu’une alliée persuasive ; peu robuste, elle tourne à la mièvrerie. En général on réussit dans la virtuosité, et la difficulté n’existe pas, dirait-on, pour les doigts aussi intrépides qu’aguerris de nos vaillantes jongleuses sur ivoire, mais on ne sait pas exécuter respectueusement une sonate de Beethoven : on joue sans sobriété, ou alors avec froideur ; sans élévation, sans noblesse véritable, sans profondeur d’expression, sans simplicité, sans grandeur. Parfois même l’absolue correction mécanique laisse à désirer ; Beethoven est trop facile pour nos concertistes rompues à tous les sauts d’obstacles, c’est tout au plus si elles prennent la peine de l’étudier !!! Inutile d’assurer qu’aux femmes ne revient