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AUGUSTA HOLMÈS ET LA FEMME COMPOSITEUR

pas le monopole de tant d’imperfections, cependant elles y tombent tout particulièrement — sans les racheter par les beaux coups d’ailes de certains maîtres — et demeurent absolument inconscientes de leurs erreurs ; n’est-ce pas une preuve de leur faiblesse en musique ? Ne trouve-t-on pas un autre signe d’impuissance dans le fait que nulle femme n’a pu devenir chef d’orchestre éminent ? Je ne compte pas quelques orchestres falots de dames plus ou moins exotiques, ni de vagues tentatives de-ci de-là, affirmant de bien modestes aptitudes. En ce temps de féminisme à outrance, celle qui dispute à son ex-supérieur, et partage avec lui, non sans brio, l’amphithéâtre, la chaire, la toge, la loge, l’alpenstock, la caravane exploratrice, la bombe nihiliste, le Paradis de Médicis, le moteur aérien et jusqu’au siège de député, ne peut donc s’emparer d’une baguette, tout indiquée, semble-t-il, pour les mains adroites, qui maintes fois tracèrent le geste dominateur et irrésistible ! Pourquoi, mon Dieu ! Pourquoi ? Parce que dans le domaine des sons la femme manque de l’assurance, des connaissances et du sentiment exact par lequel on s’impose à une phalange d’artistes. On ne peut discipliner, animer, unifier des hommes de tempéraments, d’intelligences divers, qu’en s’imposant à leur jugement par une solide science, en leur communiquant l’élan d’une foi robuste, en les dominant par une volonté éclairée, en les maintenant avec une fermeté exempte de caprice ou de nervosité. L’orchestre apparaît un clavier inaccessible aux trop légers doigts féminins ; ce qui manque à la femme