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AUGUSTA HOLMÈS ET LA FEMME COMPOSITEUR

mais pour une quantité innombrable, elle répond à un besoin inné, elle porte un peu de joie et d’idéal à une fraction de l’humanité, d’autant plus intéressante qu’elle est sevrée d’agréments raffinés, exposée à la déchéance morale, et pourtant susceptible de perfectionnement intellectuel.

J’ajoute encore que cet art splendide et humain représente la langue universellement et complètement comprise par seule intuition. Alors que même avec connaissance d’un dialecte étranger nous nous assimilons mal certains tours d’esprit des autres peuples, la musique exprimant le sentiment national, qu’il soit russe, hongrois ou scandinave, garde toute sa saveur, en acquiert plutôt pour l’habitant d’une contrée différente, serait-il ignorant de toute musique, car la musique est le langage des âmes.

Enfin la musique est en nous : l’homme chanta avant de parler, il inventa des instruments de musique dès qu’il fut capable d’invention, et cela non par besoin matériel, mais par besoin spirituel, car la musique exalte l’esprit.

Sans instruction, sans secours d’aucune sorte, notre voix suffit à reproduire la phrase mélodique entendue en passant et qui revient à notre esprit, s’impose à notre pensée, chante en nous comme un oiseau en cage, car la musique est un oiseau pour l’âme.

Il existe des voix tellement séduisantes et belles que, non moins que les instruments, elles servent la musique, la rendant, le plus qu’on puisse souhaiter, délicieusement accessible ; ceux que la nature a ainsi