Page:Barine - Alfred de Musset, 1893.djvu/145

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FANTASIO (assis, vêtu en bouffon, avec une bosse et une perruque).

« Je suis un brave cueilleur de fleurs, qui souhaite le bonjour à vos beaux yeux. »

George Sand fait allusion à ce passage dans une des lettres brûlantes adressées à Musset pendant une brouille, et dont nous avons déjà cité quelques fragments : Voici ce commentaire inédit, écrit en rentrant des Italiens, où elle était allée seule, habillée en homme : « Samedi, minuit (fin de 1834)… Me voilà en bousingot, seule, désolée d’entrer au milieu de ces hommes noirs. Et moi aussi, je suis en deuil. J’ai les cheveux coupés, les yeux cernés, les joues creuses, l’air bête et vieux. Et là-haut, il y a toutes ces femmes blondes, blanches, parées, couleur de rose, des plumes, des grosses boucles de cheveux, des bouquets, les épaules nues. Et moi, où suis-je, pauvre George ? Voilà, au-dessus de moi, le champ où Fantasio va cueillir ses bluets. »

Le dénouement de Fantasio est tout souriant. Éros est victorieux : la gentille Elsbeth n’épousera pas son benêt de prétendu. Il est vrai que deux peuples vont s’égorger ; mais la mort de quelques milliers d’hommes n’a jamais eu d’importance dans un conte de fées, où on les ressuscite d’un coup de baguette, pas plus que les bourses d’or jetées par les belles princesses à leurs sujets dans l’embarras, pas plus que tout ce qui peut choquer si l’on a le malheur de voir la pièce à la scène