Page:Barine - Névrosés : Hoffmann, Quincey, Edgar Poe, G. de Nerval.djvu/267

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mercredi). Il commença alors à appeler un certain Reynolds, et il continua toute la nuit, jusqu’à trois heures du matin. À ce moment — le dimanche matin, — un changement marqué s’opéra en lui. Les efforts qu’il avait faits l’ayant affaibli, il devint calme et sembla reposer quelque temps. Puis, remuant doucement la tête, il dit : Dieu vienne en aide à ma pauvre âme ! et il expira. »

Il était mort le 7 octobre 1849. L’enterrement eut lieu le lendemain, par un temps pluvieux et froid. Une partie de sa famille habitait la ville où le hasard l’avait mené mourir. Il n’eut cependant que cinq personnes en tout à son enterrement, y compris le pasteur qui prononça les dernières prières. Aucune pierre ne marqua sa tombe.

Mme Clemm le pleura passionnément ; ses lettres sont pathétiques. Elle le défendit mort comme elle l’avait défendu vivant, avec autant de fidélité et sans plus de succès. Des amies de son « Eddy » la recueillirent et la gardèrent de longues années. Elle a fini ses jours, à un âge très avancé, dans un établissement de charité.

Plusieurs femmes, qui n’y étaient pas tenues, conservèrent pieusement le souvenir du malheureux Poe. Mrs Shelton porta son deuil. Mrs Whitman, chez qui la vertu et la bonté le disputaient inutilement au ridicule, ne voulut être le reste de sa vie que « la fiancée de Poe ». Vêtue de blanc et les cheveux teints, l’air d’une « personne embaumée toute vive » et son fauteuil à contre-jour, elle fut jusqu’à près de quatre-vingts ans « celle que le poète a aimée[1] ».

On eut de la peine à trouver un libraire pour la pre-

  1. Th. Wentwort Higginson (The literary World, 15 mars 1879 ; Boston).