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LES PRINCIPAUX THÈMES BOULANGISTES

ministre, rendrait la parole au pays, en lui recommandant la monarchie ? Après une restauration, titres, honneurs, il posséderait tout avec le commandement suprême de l’armée. C’était voir les choses de loin. Le Général s’en tenait à l’immédiat : écarter Ferry de l’Élysée et rentrer à la Guerre. Il promit de négocier avec les candidats à la Présidence, Freycinet, Floquet, Brisson et de faire connaître celui qui devait recueillir les suffrages de la Droite

En voiture, il dit à Le Hérissé : « Tout plutôt que Ferry et la guerre civile ! » Et, rentré chez Laguerre, il reprit le vocabulaire des radicaux.

On avait fait chercher M. Louis Andrieux, L’ancien préfet de police. À quatre heures du matin, il accepta ce que refusait Clemenceau : de recruter à Grévy un cabinet antiferryste. Mais il jugeait impolitique d’engager avec le Parlement un combat à outrance ; il excluait de sa combinaison le Général, il prétendait le dédommager avec le commandement de Paris.

Voilà donc une chose acquise : le général Boulanger n’est plus un homme avec qui le Parlement puisse négocier. Et lui-même, au cours de cette nuit, il se place délibérément hors la loi parlementaire. Se concerter à la fois avec des Mackau et des Clemenceau, c’est tout naturel à un Français, mais criminel à un homme de parti.

À six heure du matin, ce mercredi 30 novembre, les députés Laguerre et Granet exposèrent leur insuccès à M. Grévy, qui répondit avec dignité augurer fort mal de la République,

Dans la rue, la révolution grondait et jetait des ordures si fortes aux fenêtres qu’enfin le 1er  décembre, le Président pour tout de bon démissionna. Le