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L’APPEL AU SOLDAT

certaine mesure il subit l’influence de cet ouvrier autodidacte, magnifique phénomène d’orgueil, de désintéressement, d’illusionnisme, qui survit, pour nous la faire entendre, à cette démocratie de 1848, généreuse, individualiste, où Boulanger, peut-être bien, n’eût pas été déplacé. Seulement l’esprit de système et les beaux souvenirs de Pierre Denis ne pouvaient contenter un jeune lorrain, songeur, mais disposé à réaliser ses songes, et Sturel guettait les circonstances.

La dissolution du Comité avait été le craquement précurseur, quand une partie de la montagne va se détacher et faire avalanche. L’état-major monarchiste, qui avait accepté la marche parallèle, cherchait à précipiter la dislocation, de peur que ses fidèles ne s’habituassent à leur chef improvisé. « Bonsoir, messieurs, » avait écrit M. Arthur Meyer dans un article retentissant, dès l’échec législatif de 1889. D’innombrables fidèles demeuraient au Général, dans sa ruine politique ; pour les détacher et les rendre disponibles, les politiciens résolurent de casser les reins du chef sous les yeux de sa clientèle. Il fallait promener cette tête coupée à travers les départements.

Des articles de M. Mermeix publièrent d’août à octobre les indiscrétions de la droite. L’auteur fut-il un agent politique, ou bien utilisa-t-il des documents par une appétence malsaine de journaliste pour le scandale ? Engagé dans un œuvre où les chances de plaire étaient minces, il prétendit du moins, car on garde toujours de l’amour-propre, paraître redoutable. De chapitre en chapitre, comme