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LA PREMIÈRE CHARRETTE

« n’ai pas trouvé, dis-je, les ressources financières pour conduire cette œuvre. On apprend aujourd’hui, paraît-il, à ce pays, — on le sait partout ailleurs, — qu’à côté des hommes politiques il y a des financiers qui, quelquefois, donnent leur concours, quand cela est nécessaire, pour la défense du gouvernement ! Oui ! je n’ai pas trouvé dans les fonds secrets, pour les appeler par leur nom, les ressources dont j’avais besoin, et j’ai fait appel à la bourse de mes amis. On accuse quelquefois les hommes politiques d’avoir emporté les fonds secrets ; eh bien ! vous voyez devant vous un homme qui, non seulement ne les a pas emportés, mais qui a emprunté à ses amis pour faire face à l’insuffisance de ces fonds. »

Une huée interrompit l’audacieuse accusation de l’accusé. Il se retira, mais pour reprendre avec plus d’élan le même développement et aboutir cette fois à terroriser non plus les ministres ses prédécesseurs, mais le fretin même de la majorité :

« Oui, dans tous les pays, dans tous les temps, tous les hommes politiques dignes de ce nom ont fait, avec le concours d’amis, qui assurément ne rendaient pas un service inavouable, les opérations qui sont nécessaires quand on traverse des temps difficiles. »

Et comme on l’interrompait :