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LEURS FIGURES

M. Cavaignac réclamait à la tribune un changement de système dans le gouvernement républicain. Il réprouvait Rouvier : « Il n’est pas vrai qu’il soit nécessaire à la politique française qu’à une heure donnée des financiers viennent apporter à l’État l’aumône de leurs avances, et, ce qui est plus grave encore, l’aumône de leurs dons. » Il réprouvait Floquet : « Il n’est pas vrai qu’il soit nécessaire à l’exercice du gouvernement français que le gouvernement surveille la distribution des fonds que les sociétés financières consacrent aux opérations de publicité. » Les chéquards pour annuler son discours l’applaudissaient à outrance et votaient à l’unanimité l’affichage. « Voilà, s’était-on écrié sur quelques bancs à l’extrémité gauche de la salle, voilà le langage d’un président de la République. » L’Officiel imprima : « Voilà le langage d’un ministre de la République. »

Au mardi-gras, à Bâle, il y a, depuis des siècles, des fêtes importantes, de caractère officiel, puisque les autorités locales en examinent le programme et les subventionnent. Une cavalcade parcourut les rues dont les personnages figuraient les principaux « chéquards » du Parlement français. Au milieu d’une foule immense amassée de tout le pays, Rouvier, Roche, Baïhaut, Barbe, Proust, défilèrent portant dans le dos leur nom et la somme touchée. Des gendarmes les encadraient. Les collectionneurs recherchent le programme illustré de cette fête.