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ROULEMENTS DU TONNERRE

Dans un article retentissant, Sturel peignit ces dessous. D’abord, comme il l’avait annoncé à Suret-Lefort, il publia la note sur Arton et le baron de Reinach qu’il avait portée au général Boulanger à Bruxelles, peu de mois avant le suicide d’Ixelles.

« Ah ! s’écriait-il, si le Général avait voulu user « de mon renseignement ! » Et d’un geste joyeux, le jeune partisan comparait les heureuses conjonctures du jour au temps où les parlementaires noyaient son chef sous les outrages, où lui-même, Sturel, quittait la Chambre en vaincu. Il se vantait de voir croître la peur au Palais-Bourbon. « C’est, disait-il, la panique des animaux quand, à des signes multiples, ils pressentent un tremblement de terre et quand le sol commence à manquer sous leurs pas… » Il décrivait les couloirs où les députés se jetaient, à trois heures, sur la Cocarde, comme au réveil ils s’étaient jetés sur la Libre Parole et sur l’Intransigeant, pour savoir si on les dénonçait. « Leurs figures, qu’ils veulent faire sereines, trahissent leurs battements de cœur ; les plis de leur front, leur hébétude, car ils s’épuisent à supputer les raisons du ministre pour les couvrir. Et la courageuse petite troupe des boulangistes, quel plaisir de la considérer surprise tout d’abord de ce renfort que lui apportent les circonstances, puis plus pâle de volupté à chaque fois qu’un ennemi reçoit en