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LEURS FIGURES

mentaire, mais j’ai mentionné des rumeurs sincères et je me félicite que vous les contrôliez auprès de MM. de Reinach, Cottu, de Lesseps. »

— Je désire, dit le juge, que vous m’indiquiez les sources de vos allégations.

Sturel avait donné à Suret-Lefort sa parole de ne point le mettre en cause.

— Ouvrez les yeux, dit-il. Je ne veux faire le procès de personne ; je ne suis point un magistrat, mais il y a trois cents cas connus de tous qu’il vous faudra examiner, en même temps que vous contrôlerez les explications des administrateurs et de M. de Reinach sur les fonds dits « de publicité ».

Le juge n’insista pas. Son inclination légère signifiait qu’il comprenait, qu’il attendait cette réserve. D’ailleurs, il déforma la réponse de Sturel en dictant au greffier :

« Déclare que les faits auxquels il a fait allusion ne sont pas de sa connaissance personnelle et qu’il ne leur trouve pas un caractère tel qu’il veuille assumer de mettre en cause leurs auteurs. »

Ce qui frappa vivement Sturel, c’est que ce magistrat, qui n’essayait pas de le faire parler, ne tentait rien non plus pour le dissuader. Le jeune homme se sentait approuvé dans son opinion sur la vénalité des parlementaires.

Un juge d’instruction dans son cabinet, quand il ne cherche pas à surprendre un secret au cours