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UN RAT EMPOISONNÉ

« Ah ! » du découragement et pas mal de stupéfaction.

Reinach avait acheté trop d’hommes pour admettre aisément qu’il en restât d’incorruptibles.

Cependant la Justice, obligée par la loi et par l’opinion, ne peut pas chômer plus longtemps. Le mardi 8 novembre à neuf heures du matin, M. Clément exécute — enfin ! — sa commission « urgente », décidée du 4 et datée du 5. Rue Murillo, n° 20, un valet de chambre lui répond que « Monsieur le baron fait un voyage d’une vingtaine de jours dans le midi de la France ». Pourquoi, ce jour même ou le lendemain, M. Prinet n’a-t-il pas perquisitionné au domicile d’un inculpé en fuite ? Voici son explication :

« Je n’ai pas pensé que ce fût urgent… Je me suis abstenu parce qu’on ne peut pas tout faire, du jour au lendemain, d’une façon consécutive… Il est facile de parler après les événements accomplis ! Mais, à cette époque, M. le baron de Reinach n’était pas aussi vivement accusé d’avoir été le courtier principal des œuvres de corruption de la Compagnie qu’il l’est aujourd’hui… Il est bon de rappeler que c’est moi qui ai pris l’initiative de tous les actes d’instruction sous ma responsabilité… À l’époque dont nous parlons, tout le bruit qui s’est fait récemment contre le baron de Reinach comme