Page:Barrès - Colette Baudoche, 1913.djvu/107

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ments, les blessés qu’on avait abandonnés. « Quoi ! vous êtes toujours là ? » pensait-il. Et saisi d’une émotion qu’il n’avait pas prévue, il aurait voulu se taire, écouter ce touchant auditoire. Il improvisa une phrase sur sa confusion de ne venir à Metz que pour un bavardage. Cette pensée, si vraie et profonde qu’elle fût, ne passa pas la rampe. Elle échappa à ce public qui, dans cette minute, ne songeait qu’à se faire reconnaître, et de qui tous les yeux disaient : « Tu vas voir comme nous sommes des Français, tes pareils… »

Mais le jeune homme ne pouvait pas s’en tenir à regarder avec amitié des braves gens qui, tout de même, avaient retenu leur place comme à un spectacle. Il entra dans son rôle de conférencier.